LA COMPAGNIE ART ZYGOTE


La compagnie portée aujourd’hui par Valérie Berthelot a été traversée par des artistes qui y ont laissé une place prégnante. Notamment Virginie Gaillard, artiste marionnettiste et comédienne qui est à l’origine de la présence marionnettique composant désormais l’ADN d’Art Zygote.

Au fil du temps, la plupart des artistes du collectif originel ont quitté le chantier pour d’autres plus personnels ou plus lointains et la compagnie s’est tournée vers le spectacle vivant.

Valérie Berthelot considère comme précieuse la notion de collectif dans le travail parce que chacune de ses créations se nourrit du travail sur le plateau et de la singularité des acteurs pour mettre en scène. Le spectacle est pour elle un ouvrage commun. L’esprit de compagnie est tout aussi indissociable du processus de création. Aussi, depuis plusieurs années, elle chemine avec des compagnons artistiques fidèles qui étoffent l’univers d’Art Zygote : Gérald Bertevas, Aurélie Cantin, Véronique Collet, Laëtitia Davy, Simon Demeslay, Karim Fatihi, Virginie Fouchault, Sarah Lascar, Brigitte Maurice, Zoé Nicloux, et Laurent Vignais.

Valérie Berthelot

« Tout geste modifie l’espace » Jacqueline Robinson

Je n’ai cessé de pratiquer la danse pour croire à la vie. Ce que la danse exige d’engagement, de travail physique amène fatalement à sentir ses muscles et ainsi se sentir vivant, présent au monde. J’ai pris mes premiers cours à 4 ans, je cherchais à apprivoiser une sorte de liberté trop envahissante et aussi à apprendre l’ancrage, moi qui ne tenait pas sur mes pieds. La danse classique tel qu’elle m’a été enseignée, m’a enfermée dans une sorte de rigidité. Bien plus tard j’ai découvert la danse contemporaine et j’ai eu la chance de suivre l’enseignement de personnes qui m’ont profondément éveillé comme Dominique DUPUY, Simone FORTI, et Thierry BAE. A leur coté j’ai découvert l’importance du poids comme moteur du mouvement, j’ai appris la non anticipation de la forme et le respect du corps, le mien et celui de l’autre, enfin l’exigence d’une danse juste et pas nécessairement spectaculaire. 

Et puis il y a eu une révélation, comme une décharge artistique,  le soir où je suis allée voir « Nelken » de Pina Baush  au théâtre de la ville sans savoir ce que j’allais voir. La nature était toute entière dans la pièce avec ses 15.000 œillets plantés sur scène, les danseurs parlaient et la danse se logeait parmi les gestes les plus quotidiens. Pina Baush ne se casait dans aucun style, ce n’était ni de la danse, ni du théâtre, ni une performance plastique, c’était tout ça à la fois pour dire la beauté et la fêlure du monde.

Je continue de creuser en quête d’un langage qui ne cherche pas à illustrer dans une vaine tentative de matérialiser un imaginaire mais à évoquer. Pour cela je ne m’interdis rien. Je puise dans des textes : écrits pour le théâtre « Hasse Karlson » d’Henning Mankell, les contes « Pinocchio » où la poésie « Poémes paiens » de Fernando Pessoa. Les matières, souvent pauvres sont le terreau de certaines créations, le papier pour « Moi et toi sous le même toit » et « Libre(s) », le blanc de meudon pour « Fondations ». Les formes données par ses matières restent parfois à l’état brut ou se déploient parfois pour donner vie à des créatures.

Je déploie une écriture au croisement de la danse, du théâtre, des arts plastiques et des formes animées et j’emprunte à la Poésie sa liberté d’écriture. Je cherche une connivence entre l’enfant qui ne m’a pas quitté et l’adulte, le minuscule et l’immense, l’intime et le monde.

Je réalise que les thèmes abordés sont récurents : les questions de frontière – limite, la peur de la perte souvent consoler par la force de la création, la puissance du vivant où qu’il soit.

Les partenaires de la compagnie